Religions

Principales confréries.

Les Musulmans représentent 92% de la population et les Chrétiens 2% (dont la majorité de Catholiques). L'animisme traditionnel (6%) est en régression, mais il demeure vivace dans certaines parties de la Casamance et chez les Bassari (également Bedik). Cependant, il imprègne encore fortement les religions monothéistes qui l'ont supplanté.
L'Islam, venu du Nord dès le XIe siècle, sous la bannière des conquérents almoravides, a fortement imprégné le mode de vie des sénégalais. Ses fidèles se partagent en plusieurs confréries dont deux, Quadrya et Tidjanna, sont originaires du vieux Magreb, tandis qu'une troisième, celle des Mourides, fondée par Cheick Amadou Bamba, s'est formée sur place. La secte Layène, créée par Limamou Laye à Yoff en 1890, n'a d'influence que chez les Lébou de la presqu'île du Cap-Vert.

La circoncision et la polygamie sont ici antérieures à l'extansion de la religion musulmane et il y a lieu de remarquer que nous sommes en présence d'un Islam Noir qui repose encore plus ou moins sur une infrastructure animiste, et où, surtout dans les régions récemment islamisées, le marabout a souvent pris le relais du féticheur et cumule avec ses fonctions de lettré et de sage de l'Islam, celles, moins mystiques, de magicien et de guérisseur.

Les marabouts
Selon Cheick Amadou Bamba, fondateur de la confrérie des mourides, le fidèle - ou taalibé - doit s'en remettre à son marabout comme "le cadavre entre les mains du laveur de morts". Cette expression illustre parfaitement les relations taalibé-marabout, en ce sens que le fidèle doit se soumettre spirituellement et matériellement.
Le courant tidjane, fondé par Al Hadj Malick Sy, s'oppose à l'exploitation du fidèle par le marabout mais admet que celui-ci puisse bénéficier de dons et prestations de travail en échange d'une formation spirituelle.
56,9% des mourides et 44,7% des tidjanes pensent que ces dons sont obligatoires et versent annuellement entre 1000 F CFA et 2000 F CFA, ce qui représente plus d'un dixième du revenu d'un paysan. Ces dons peuvent aussi être versés en nature:
      bétail;
      céréales;
      produits divers, volaille;
      "tout ce que j'ai" (6,3% des interrogés).
En outre, le taalibé effectue des prestations de travail dans des champs donnés ou prêtés aux marabouts pour lesquels la récolte représente une forme d'addiya (don). A la fin de la saison, le jawriñ - grand taalibé - remet au marabout l'argent de la récolte et les sacs de mil destinés à son consommation personnelle, sans oublier de souligner les efforts déployés afin d'obtenir sa bénédiction.
Les dons et les champs (jusqu'à 3500 ha au total, produisant parfois 2 à 3 tonnes chacune), les mendiants et les tournées de quête, la lecture du Coran à domicile et les pèlerinages (celui de Touba rassemble tous les ans 200.000 adeptes qui laissent, à chaque fois, plus de 300 millions de francs), les cercles de bienfaisance chargés de récolter des fonds, telles sont les sources de revenus des marabouts.
Leur fortune et la soumission quasi-totale de leurs fidèles confèrent aux marabouts un immense pouvoir. Ils sont un intermédiaire entre le pouvoir et le peuple, aussi les hommes politiques ont-ils compris l'importance de s'en faire des alliés. Le montant des subventions peut dépasser le bénéfice des cultures et l'addiya, mais elles doivent être justifiées par la construction de mosquées - celle de Touba aurait coûté 750 millions de F CFA avant la dévaluation (multiplier par deux), de routes, puits, forages, électricité, etc.

Extraits de
L'Islam au Sénégal
Demain les mollahs?
Moriba Magassouba.

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